Chapitre 2 : Des
édifices ordonnés : les cristaux L'objectif
de cette partie est d'appréhender une forme particulière
d'organisation de la
matière : l'état cristallin. Les connaissances sur
l'état cristallin sont
utilisées en géologie, avec l'étude des
minéraux et des roches, mais aussi en
biologie. Il s'agit d'étudier quelques exemples d'organisations
cristallines
simples et de comprendre comment cette organisation détermine
les propriétés
macroscopiques de la matière. I. L'état
cristallin de la matière : exemple du NaCl • Le sel ou
chlorure de sodium, noté NaCl, se présente à
l'œil nu sous forme d'une poudre
blanche, comme le sel fin de table. Des échantillons de plus
grande taille
peuvent se présenter sous forme de cristaux de forme cubique
à faces lisses.
L'étude de la structure microscopique du NaCl met en
évidence que les différents
ions constituant ce solide sont agencés de manière
régulière dans l'espace.
La plus petite unité de cet agencement régulier est
appelée « maille ».
Cette maille se répète dans l'espace, formant un réseau
cristallin.
L'étude des caractéristiques de la maille de chaque
cristal permet de définir
certaines caractéristiques de ce cristal. Le chlorure
de sodium ou NaCl
II. Les
réseaux cristallins cubiques • Les
cristaux les plus simples sont les réseaux cristallins cubiques,
dont la maille
peut être décrite à partir de la
géométrie du cube. Géométrie du
cube
• On
distingue différents réseaux cubiques selon la position
des entités dans la
maille, en particulier :
Représentation
d'un réseau cubique • Pour
chaque type de réseau, deux grandeurs caractéristiques du
cristal peuvent être
calculées : la masse volumique et la compacité.
La masse
volumique d'un cristal est le rapport de la masse du cristal par son
volume.
Au niveau d'une maille, la masse volumique est le rapport de la masse
des
entités chimiques d'une maille par le volume de cette maille.
L'unité
couramment utilisée de la masse volumique est le g.cm−3.
La masse
volumique dépend du nombre d'entités chimiques par
maille, de la masse molaire
des entités chimiques et des dimensions de la maille. • La
compacité d'un cristal est le rapport du volume total des
sphères des entités
chimiques d'une maille par le volume de cette maille. Il s'agit
d'une
grandeur sans unité. La compacité représente le
taux de remplissage de la
maille par les sphères des entités chimiques. • La structure
cubique simple se caractérise par la présence d'une
entité chimique (atomes
ou ions) située à chaque sommet du cube : il s'agit
de la structure la
plus simple existante, mais elle est très peu présente
dans la nature. Réseau
cubique simple
• La
structure cubique centrée se caractérise par la
présence d'une entité chimique
(atomes ou ions) située à chaque sommet du cube et d'une
entité chimique située
au centre du cube. Elle n'est pas étudiée ici et ne doit
pas être confondue
avec la structure cubique à faces centrées
étudiée plus loin. • La structure
cubique à faces centrées, appelée
« cfc », se caractérise par la
présence d'une entité chimique (atomes ou ions) à
chaque sommet du cube et au
milieu de chaque face. Réseau
cubique à faces centrées
• La
maille cubique à faces centrées présente des sites
où peuvent se loger des
entités chimiques supplémentaires, de plus petite
taille que celles formant
la maille cubique. Par exemple, dans le cas du NaCl, les ions chlorure
forment
une maille cubique à faces centrées tandis que les ions
sodium, de plus petite
taille, sont situés au centre de chaque arête et au centre
de la maille. Caractéristiques
du cristal de NaCl
• Ainsi, de
manière générale, une structure cristalline est
définie par une maille
élémentaire qui se répète
périodiquement dans l'espace. On distingue au total
7 grands types de réseaux cristallins différents. Un
cristal est donc
défini par la forme géométrique de la maille, la
nature des entités chimiques
(atomes ou ions) et leur position géométrique dans cette
maille. Lorsqu'un
cristal se forme sans entraves, il prend au niveau macroscopique une
forme
polyédrique délimitée par des surfaces planes, en
relation avec la nature de
son réseau cristallin. Si la formation du cristal ne s'effectue
pas librement,
le cristal présente alors une structure macroscopique
indépendante de la nature
de son réseau cristallin. Ainsi, la structure microscopique du
cristal
conditionne certaines de ses propriétés macroscopiques,
dont sa masse
volumique. III. La
matière cristallisée • Un composé
de formule chimique donnée peut cristalliser sous
différents types de
structures du fait des arrangements variés des entités
chimiques le
constituant, selon les conditions de pression et de température
existant lors
de sa cristallisation. Par exemple, la silice (SiO2),
minéral
abondant des roches de la croûte terrestre, cristallise sous
forme de quartz
selon un système cristallin hexagonal. La cristallisation de la
silice à une
pression très élevée forme de la coésite
selon un autre système cristallin,
appelé « monoclinique pseudohexagonal ».
Ainsi, un même minéral,
caractérisé par sa formule chimique, peut
présenter des structures cristallines
différentes et donc des propriétés macroscopiques
différentes. Les minéraux se
caractérisent donc par leur composition chimique et leur
organisation
cristalline. • Une
roche est un matériau formé par l'assemblage
d'unités élémentaires, les
minéraux, qui constituent le globe terrestre. Une roche peut
être parfois
formée d'un seul minéral, mais plus fréquemment
d'une association de différents
minéraux. • Des
structures cristallines existent aussi dans les êtres vivants.
Par exemple, un
minéral cristallisé, le carbonate de calcium (CaCO3),
est un des
constituants majeurs des coquilles de différents animaux, du
squelette des
vertébrés ou encore du corail. Maille,
cristal, minéral et roches : des différences
d'échelle et d'organisation
IV. La
matière non cristallisée • Un composé
chimique, qui forme un cristal dans certaines conditions de pression et
de
température, peut se solidifier sans former de réseaux
cristallins dans des
conditions de pression et de température différentes.
L'empilement des entités
chimiques se fait alors sans ordre géométrique,
formant un solide
qualifié d'« amorphe » (sans forme) et
appelé « verre ». • Lors de la
formation de roches magmatiques volcaniques, le magma formé en
profondeur
remonte très rapidement et donne une lave à la surface
terrestre. Cette lave se
refroidit brutalement. Lors de ce refroidissement, certains
minéraux ont le
temps de cristalliser, mais une partie plus ou moins importante de la
lave
se solidifie rapidement à faible température sans ordre
géométrique, formant
ainsi de la matière non cristallisée, ou verre. Comparaison
de deux roches, l'une entièrement cristallisée, l'autre
riche en matière non
cristallisée
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